.Louise, Félicie, Joseph, Evin est née le 8 décembre 1878 à Verquin canton et arrondissement de Béthune. Elle était la cinquième d’une famille de sept enfants dont l’aînée Augustine (la vieille marraine) est devenue par son mariage sa tante. Cela est une autre histoire que nous verrons avec la famille Spas
Les autres frères et sœurs, Narcisse, née en 1867, la mère d’Andrée Verbecque, Henriette née en 1869, la grand’mère de Jean Lefebvre, Louis née en 1874 père de Marie Laloyer, Marie dont seul le nom figure dans les archives de l’abbé Paul, sans date de naissance ou de décés. J’aurai plus de renseignements en allant à la mairie de Verquin. Enfin Edouard, l’oncle Edouard le petit dernier de la famille né en 1882.
Ses père et mère : Télesphore, Louis, Joseph, décédé à l’âge de 39 ans, et sa mère née Félicie, Marie, Joseph, Lenfant
De son enfance nous ne savons presque rien, elle n’était pas du genre à se raconter, ni à ses enfants et encore moins à ses petits enfants. Avec les dates que je relève, je pense qu’elle n’a presque pas connu son père qui semble décédé alors qu’elle avait moins de 10 ans.
Veuve d’un premier mariage avec Jules Taffin, dont je n’ai ni la date de mariage ni la date de décès, elle épouse en seconde noce, le 6 janvier 1909, Marcel Spas, qu’elle rencontre dans des réunions de famille puisque sa sœur aînée Augustine est mariée à Léon Vermeulen, frère de Lucie Spas Vermeulen, marâtre de Marcel Spas.
Après leur mariage la famille s’installe à Béthune dans une boucherie sur la grand-place, dans les maisons amassées autour du beffroi, face à la Mairie. L’histoire familiale raconte qu’un des pieds du Beffroi était dans l’arrière cour et des traces des toits restaient visibles sur les pierres de ce monument.
Il apparaît que la période qui a suivi ce mariage ait été la plus heureuse de la vie de grand’mère. Un mari gentil, bon vivant, gai et joyeux, musicien, aimant le dessin, bien dans sa ville et dans sa profession. Une photo, lors d'une réunion de famille, la montre resplendissante. Deux enfants sont venus couronner cette union, Paul né le 14 avril 1910, et Marie Louise , ma mère, née le 28 janvier 1913. Les charges du commerce et peut être une santé fragile, font que les enfants sont confiés à une nourrice de Verquin. «Nenin» pour qui ma mère gardera une dévotion jusqu'à sa mort. Enfant je suis allé souvent lui rendre visite, avec maman, dans le débit de tabac qu’elle tenait dans le centre du village.
Malheureusement, le 1° août 1914, son mari est mobilisé, d’abord, dans l’approvisionnement comme boucher ensuite dans l’infanterie. La Somme, La Marne, et pour terminer le 19 avril 1917 à Craonnelle, où il est tué dans la Bataille du Chemin des Dames. Son corps n’est pas retrouvé, il repose dans l’ossuaire du cimetière militaire de Craonnelle. Seul vestige de cette courte vie commune, son alliance qui a été retrouvée et rendue à grand'mère.
Dés le début de la guerre, la ville de Béthune étant sinistrée, grand’mère et ses enfants, accompagnés d’Augustine et Léon Vermeulen, quittent le nord de la France pour s’installer en Normandie, à Envermeu où ils reprennent une boucherie.
De retour à Béthune, après l’armistice de novembre 1918, ils découvrent que la boucherie, avec toute la grand-place, a été détruite au cours du bombardement d'octobre 1916. Provisoirement ils installent une boucherie Place du Jeu de Paume et avec l’aide de Léon Vermeulen ils arrivent à survivre en attendant la reconstruction de la ville.
En 1920, avec le soutien et le dévouement de son beau-frère, Gaston Spas, elle fait valoir ses droits aux dommages de guerre et construit la maison et le commerce de la rue Eugéne Haynaut. La famille Spas d’Hazebrouck, Edmond, Lucie, et Gaston, ses beaux parents, et beau frère, ayant un commerce de textile, c’est vers cette branche qu’ils orientent grand’mère. C’est la naissance du commerce de Madame Spas.
Paul a 11 ans, Marie Louise a 8 ans, quand toute la famille s’installe rue Eugéne Haynaut.
Après le mariage de mes parents, en septembre 1934, grand’mère cède son commerce à sa fille Marie Louise. Elle continue quelques temps à vivre à Béthune dans son appartement au rez de chaussée et au 1° étage
Le 24 mai 1940 l'immeuble de la rue Eugéne Haynaut est touché par une bombe dont un éclat, retrouvé 40 ans plus tard, est toujours dans mon bureau. Ce sinistre entrainera les transformations que nous avons connues .
L’orientation de Paul, la prêtrise, déterminera la suite de la vie de Grand’mère. En temps que mère de prêtre elle l’accompagnera dans ses différents ministères, professeur d’allemand, elle réside au Château de Bouvigny, alors petit séminaire, là où il enseigne. Curé de Bouvigny elle réside au presbytère. Quand l’abbé quittera Bouvigny pour enseigner à Saint Paul à Lens et assurer en même temps une mission d’aumônier des émigrés allemands, grand’mère reviendra à Béthune avec la gouvernante de l’abbé, Mademoiselle Jeanne Hertsens, qui fera l’objet d’un chapitre puisqu’elle a été très liée à la famille Spas-Evin, au point de reposer dans le caveau familial à Verquin.
Grand’mère a souffert d’asthme une grande partie de sa vie, et son souvenir est associé à l’odeur de la poudre d’Escoufler qu’elle faisait brûler pour soulager ses déficiences respiratoires. La fin de sa vie, comme toute sa vie a été silencieuse, triste, ayant perdu la notion de la vie, de la famille, Vieillesse, dégénérescence, Alzheimer qui sait ? Après soixante ans c'était déjà la vieillesse en 1950.
Comme si elle avait survécu après la mort de Marcel son mari.
Une anecdote racontée par l’abbé en 1971, racontant l’armistice du 11 novembre 1918, il avait 8 ans, à Envermeu, rentrant de l’école, les cloches sonnaient à la volée, les gens riaient, les fanfares jouaient pour fêter cet événement tant attendu. En rentrant chez lui, Paul a trouvé sa mère en larmes, la guerre était finie et son mari était mort depuis 19 mois.
Grand’mère est morte, usée, le 4 octobre 1958 elle avait 80 ans. J’étais en Algérie à cette époque, les liaisons ont fait que je suis arrivé trop tard pour lui dire adieu.
2_bis_rue_Eugene_Haynaut
Papier___lettre_Madame_Spas